Grèves : une exception française
- Publié le : 15/11/2019
- Source : MEDEF SUD
- Crédits photos : MEDEF SUD
« Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent ». Gravés dans le marbre de la Constitution de 1946 par ces quelques mots, les grands principes de ce droit fondamental ne sauraient être remis en cause. Il est en revanche indispensable d’en prévenir les dérives, notamment en cette période de fêtes de fin d’année, intense économiquement et à laquelle les Français sont attachés.
Il est en effet inadmissible qu’une minorité de grévistes – moins de 10 % ce vendredi – bloquent les transports publics, empêchant des milliers de nos concitoyens de passer Noël en famille, et tentent de paralyser notre économie depuis une quinzaine de jours. Difficilement quantifiables pour l’heure, les conséquences, notamment pour l’activité du commerce et de l’hôtellerie, risquent d’être extrêmement lourdes, voire mortelles pour certains. C’est donc une fois de plus le privé qui subit la démission de l’État employeur, incapable de gérer ses ressources humaines ; la majorité des grèves émanant du secteur public.
Contrairement à la France, la plupart des pays qui nous entourent se sont dotés ces dernières années d’un important arsenal législatif pour se prémunir d’une telle situation et assurer la continuité des transports publics. Ainsi, la constitution espagnole garantie la circulation des trains sur les grandes lignes en cas de grèves. De leurs côtés, le Portugal et le Royaume-Uni n’hésitent pas à réquisitionner des agents pour conserver un service minimum. Nos voisins transalpins, également adeptes de la réquisition, interdisent purement et simplement de faire la grève lors des périodes de fêtes. Dans d’autres pays européens – la Suède et la Finlande, par exemple –, la grève est interdite si le gouvernement estime qu’elle est « dommageable » pour la société. Enfin, Allemands et Danois interdisent la grève aux fonctionnaires sous statut, considérant cette interdiction comme une contrepartie à la garantie de l’emploi à vie.
Il est donc guère étonnant que de nombreuses études considèrent la France comme la championne du monde de la grève. C’est en tout cas le résultat d’un rapport de l’Institut de l’économie allemande IW, qui place notre pays en tête avec 123 jours de grève pour 1 000 salariés en 2016 ; devant le Danemark (118), le Canada et la Belgique (87) et l’Espagne (79). À l’aise dans leurs habits de champions et libres de prendre les citoyens en otage en toute impunité, les syndicalistes français font preuve d’une capacité d’imagination à toute épreuve : constitution de cagnottes servant à indemniser les grévistes pour ne pas subir les désagréments dont ils sont à l’initiative, affrètement de trains entiers pour assurer les mobilisations – sans payer les billets –, organisation de grèves perlées ou tournantes, coupures d’électricité et blocages en tout genre.
Dès lors, pour que chaque réforme ne soit pas un éternel recommencement – texte présenté à l’opinion, puis blocage de l’économie et reculade de l’exécutif –, le gouvernement devra tôt ou tard faire preuve d’audace et d’autorité en s’inspirant des pays voisins.
Pour se convaincre de la nécessité d’agir, Emmanuel Macron devrait se remémorer ses mots prononcés en septembre 2017 à l’occasion des manifestations contre la loi Travail : « la démocratie, ce n’est pas la rue ».