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Tribune | Retraites : une réforme nécessaire !

  • Publié le : 23/01/2023

Jean-Louis Maurizi, président du MEDEF Sud, réagit à la manifestation contre la réforme des retraites qui s'est tenue jeudi 19 janvier dernier. Sa tribune est à lire ci-dessous ou sur le site des Échos (lien en bas de page).

Les gouvernements successifs de la Vème République y ont tous laissé des plumes : s’attaquer aux retraites, c’est faire face à la grogne sociale, au blocage de secteurs clés de l’économie – énergies, raffineries, transports, etc. – et à l’obstruction parlementaire. Les dernières déclarations des centrales syndicales semblent confirmer que c’est à ce cocktail explosif que nous aurons droit dans les semaines à venir. Mais c’est notre système social qu’il convient de préserver dans l’intérêt de tous. Et cela demande un certain courage politique.

Visiblement plus soucieux de « faire un coup » que de défendre les intérêts des salariés et futurs retraités, Philippe Martinez, le leader de la CGT, l’a annoncé tout de go la semaine dernière sur BFMTV : « On peut faire mieux [qu’en 1995] ». Mieux que les 3 semaines de blocage de notre pays. Mieux que les 5 millions de jours de grève cumulés, comme l’avait estimé la Dares. Mieux que les 0,2 % de croissance du PIB qu’avaient coûté les mouvements contre le plan Juppé selon l’Insee. Faire mieux – ou plutôt faire « pire » en faisant échouer la réforme – conduirait notre économie et notre modèle social dans l’abîme dans un contexte déjà difficile.

Le constat initial qui pousse le gouvernement à réformer le système de retraite devrait pourtant être partagé par tous : nous sommes passés, en 50 ans, de 4 actifs cotisants pour 1 retraité à 1,7 actif pour 1 retraité. Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), ce chiffre devrait même baisser à 1,3 en 2070. Malgré une démographie plus dynamique que ses voisins européens, la France doit dès lors, à l’instar de la majorité des autres pays membres de l’UE, prendre des mesures pour assurer l’équilibre financier de son système de retraite. Toujours selon le COR, celui-ci accusera un déficit de 12,4 milliards d’euros à la fin du quinquennat, de 13,5 milliards en 2030 et de 21,2 milliards en 2035. Pire encore, ces prévisions ne prennent pas en compte les 30 milliards d’euros de déficit du régime de retraite des agents de l’État. Il y a pourtant fort à parier que ce sont les fonctionnaires qui seront les plus mobilisés contre la réforme, alors qu’ils en sont relativement préservés. Le souci de justice voudrait en l’occurrence que salariés du privé et du public soient traités à la même enseigne.

Or, si les salariés du public sont concernés par l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge légal, ils bénéficieront toujours du mode de calcul de leurs pensions basé sur les six derniers mois de traitement, contre une moyenne des 25 meilleures années pour les salariés du privé. Mais pas une seule banderole ne dénoncera cet état de fait dans les manifestations à venir. Pas un seul chant, non plus, saluera les avancées sociales importantes contenues dans le projet de réforme, notamment le relèvement du montant minimum de pension pour une carrière complète ou une meilleure prise en compte de l’usure au travail. Ce dernier sujet concerne par ailleurs un champ bien plus large que les retraites. Il nécessite une vision de long terme sur la formation continue – qu’il convient de développer –, la prévention des risques et l’aménagement du temps de travail pour les seniors. Il appartient aux partenaires sociaux d’avancer sur ces enjeux majeurs pour les entreprises et leurs salariés. Le MEDEF, à travers sa proposition d’agenda social, en fait une priorité. Les entrepreneurs sont également prêts à s’engager dans la voie du dialogue en ce qui concerne le taux d’emploi des seniors, encore très insuffisant en France. Des outils efficaces existent – principalement le cumul emploi-retraite et les retraites progressives – qu’il convient de développer. Une autre mesure simple et incitative, pourtant non retenue par le gouvernement, serait d’alléger les cotisations patronales pour l’emploi des seniors.

Enfin, gageons que l’exécutif résistera à la pression populaire et ne dénaturera pas son projet lors de son examen au parlement. Nous serons notamment attentifs à ce que d’éventuels rétropédalages ne soient pas financés par des hausses de cotisations pour les entreprises et les salariés. C’est la solidarité intergénérationnelle, force de notre pays, qui est en jeu !

Jean-Louis Maurizi
Président du MEDEF Provence-Alpes-Côte d'Azur

 

[à lire également sur le site des Échos]