La Tribune – « Élus locaux et entrepreneurs doivent travailler main dans la main »

La Tribune – « Élus locaux et entrepreneurs doivent travailler main dans la main »

À l’orée de son nouveau mandat, Jean-Luc Monteil (président du MEDEF Provence-Alpes-Côte d’Azur) répond aux questions de La Tribune Aix-Marseille.

 

« Élus locaux et entrepreneurs doivent travailler main dans la main »

Réélu à la présidence du MEDEF PACA au début de l’été, le patron des patrons de Provence Alpes Côte d’Azur redit combien la collaboration entre politiques et entrepreneurs est véritablement indispensable.

La Tribune – Quels sont les axes de votre mandat ?

Jean-Luc Monteil – Dans mon esprit, mon second mandat reposera sur le tryptique suivant : valoriser la place de l’Homme dans l’entreprise, valoriser les bonnes pratiques régionales et valoriser la co-construction public-privé. À travers le premier pilier de ce tryptique, mon objectif est de contribuer à redonner du sens à l’entreprise. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Tout d’abord qu’à rebours d’une certaine doxa ambiante, le capitalisme crée de la richesse et a permis à des centaines de millions d’individus à travers le monde de sortir de la pauvreté. Pour preuve, en moins de dix ans, la richesse privée par personne a progressé de 16 % dans les États les plus pauvres. Aussi, parce que les nouvelles générations Y et Z aspirent à redonner du sens à leurs vies. L’entreprise doit être le réceptacle de ce désir profond et conjuguer quête d’humanisme et conquête de marchés. Nos collaborateurs doivent être davantage impliqués et reconnus. Nos entreprises n’en seront que plus agiles. Pour ce faire, les pratiques managériales doivent être plus horizontales et l’humain doit revenir au cœur des préoccupations des dirigeants. Il faut faire des bonnes pratiques régionales des succès nationaux ! N’en déplaise aux Parisiens, il existe une multitude d’idées innovantes dans les territoires. La co-construction apparaît dès lors non plus comme une option mais comme une nécessité : élus locaux et entrepreneurs doivent travailler de pair, main dans la main, en confiance, pour favoriser l’attractivité de leurs territoires ainsi que le développement du tissu économique. Ces trois piliers de mon nouveau mandat ont, in fine, un seul objectif : adapter l’entreprise à de bonnes et nouvelles pratiques pour la mettre au service du développement de notre pays et de ses habitants.

Lors de l’Université d’été du MEDEF, Pierre Gattaz a exhorté les politiques notamment à replacer l’économie au cœur des programmes. L’entreprise c’est la solution au redressement de la France ?

L’entreprise est évidemment LA solution. Nous ne le rappellerons jamais assez : les entrepreneurs sont les uniques créateurs de richesses et d’emplois de notre pays. Nous le martelons depuis de nombreuses années mais cette évidence – pourtant frappée du coin du bon sens – est loin d’être partagée par une partie non négligeable de notre classe politique et de certaines centrales syndicales, prisonnières soit de leurs intérêts particuliers soit d’une vision du monde dogmatique et dépassée. Comme l’explique l’économiste Jean-Paul Fitoussi, nous sommes entrés dans un « nouveau monde » et la mondialisation n’est pas un choix, mais une réalité inéluctable. Qu’on le veuille ou non, la France a d’ores et déjà les deux pieds dans la mondialisation et nombre de ses étudiants, chercheurs, entrepreneurs ont l’esprit tourné vers ce nouveau monde. Dans ce contexte, l’entreprise avec un grand E est bien entendu la solution, mais elle est aussi davantage. L’entreprise est le catalyseur, l’épicentre de ce nouveau monde, de ce changement de paradigme. Certes, le monde de demain peut légitimement effrayer tant il porte en lui les germes d’une nouvelle façon de produire, de consommer, de travailler… Mais nous devons l’appréhender positivement, voir derrière chaque menace une opportunité. C’est l’ADN des chefs d’entreprise. Il doit irriguer toute notre société !

Les initiatives telles que le guichet unique mis en place par la région PACA vont dans le sens de ce que les entrepreneurs ont besoin. Ce rapprochement entre les instituons et les chefs d’entreprise, c’est devenu essentiel, incontournable ?

Je crois que la réponse est dans votre question. Les mondes politique et économique ont été trop longtemps hermétiques, chacun fonctionnant en silo, se méfiant souvent l’un de l’autre, parfois s’ignorant copieusement… Signes d’espoir : tout porte à croire que nos élus l’ont désormais bien compris. Dans les Hauts-de-France par exemple, Xavier Bertrand travaille aujourd’hui en étroite collaboration avec Frédéric Motte, mon homologue à Lille. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous travaillons aussi en parfaite intelligence avec Christian Estrosi et l’ensemble de la nouvelle majorité régionale. Ce rapprochement des mondes était nécessaire : l’élaboration des politiques publiques économiques ne peut se faire sans l’avis des premiers concernés, les entrepreneurs. Il n’est bien entendu pas question que nous nous substituions aux responsables politiques, mais il était anormal que naguère nous ne soyons pas associés à la conception des différents schémas et outils régionaux. Croire que l’on peut penser l’économie sans les entrepreneurs est une ineptie.

Autre signe positif : la présence d’entrepreneurs au sein de la nouvelle majorité politique. Pierre Grand-Dufay et Bernard Kleynhoff, chefs d’entreprise engagés, l’un à Marseille, l’autre à Nice, sont aujourd’hui conseillers régionaux et président chacun une commission économique. Ils font un travail remarquable depuis leur élection et sont, pour nous, un précieux relais, une indispensable courroie de transmission auprès de Christian Estrosi comme de Renaud Muselier. Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple du guichet unique. Le Medef PACA militait pour sa création. Christian Estrosi et son équipe ont repris cette idée et dès leur investiture ont souhaité la mettre en place. Voilà une coopération politique-entreprise win-win qui va dans le sens de la co-construction que nous appelions de nos vœux depuis de nombreuses années. Espérons que cet esprit d’intelligence collective perdurera.

08/09/16
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